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    Applications & usages

    Ne ratons pas le train de l’intelligence artificielle

    Intelligence artificielle

    Difficile d’y échapper. L’intelligence artificielle est au cœur de toutes les discussions ou presque. La semaine dernière était particulièrement riche en évènements, discours et annonces dans ce domaine. Alors que beaucoup de chemin a été parcouru depuis Mycin en 1963 ou Cyc à la fin des années 80,  l’enjeu n’est plus pour notre pays de s’appesantir sur nos craintes et nos fantasmes. Le pari est en effet aujourd’hui de rattraper le peloton de tête des pays en pointe dans cette technologie. Retour sur les évènements IA de la semaine dernière qu’il ne fallait pas manquer…

    Niort Numéric

    L’intelligence artificielle, il en a été question tout d’abord lors du festival niortais. Les 29 et 30 mars dernier, la porte de la Venise verte a accueilli la 6ème édition de cet évènement dont l’objectif premier est de valoriser la filière numérique du territoire.

    A la manœuvre, on retrouve la Communauté d’Agglomération du Niortais, l’Université de Poitiers (département STID de l’IUT du Pôle universitaire de Niort), la ville de Niort, le Réseau des Professionnels du Numérique (SPN), le Comité de Bassin d’Emploi du Niortais (CBE) et la Chambre de Commerce et d’Industrie des Deux-Sèvres (CCI).

    Grâce à Niort Numeric, les acteurs du secteur peuvent se rencontrer et sensibiliser entreprises et grand public aux enjeux de la filière. Cette dernière compte justement plus d’une centaine d’entreprises, soit plus de 1500 emplois sur les 42 communes de la Communauté d’agglomération du Niortais. Cette année, en préambule de l’évènement, une Master Class de trois jours sur le thème du « Machine Learning” a été lancé dès le lundi 26 mars, et le lendemain, une formation découverte était proposée sur l’Intelligence Artificielle.

    Avec plus de 12000 visiteurs, Niort Numéric revendique le titre de « premier rendez-vous de la filière numérique du Grand Ouest ».

    Rapport Villani

    Après 6 mois de travail et de consultations, celui qui a su rendre les mathématiques au goût du jour, Cédric Villani, vient de rendre au gouvernement, jeudi dernier son rapport intitulé «Donner un sens à l’Intelligence artificielle». Comme il le souligne, notre pays a beaucoup à faire avant d’espérer rattraper le peloton de tête : « les pays les plus en avance sur l’intelligence artificielle, ce sont les États-Unis, la Chine, l’Angleterre, le Canada et Israël, et nous n’y sommes pas ».

    Préoccupation première, comment stopper l’exil de nos chercheurs ? Car si notre pays n’a pas la puissance financière du capital-risque américain, il a encore un atout, la très bonne formation de « nos cerveaux ». Autre enjeu, l’accès au data toujours et encore. Si le parallèle avec le pétrole est souvent évoqué, l’importance qu’auront ces dernières dans la nouvelle révolution en cours se confirme un peu plus chaque jour.

    Enfin, celui qui avait reçu en 2010 la médaille Fields, identifie 4 domaines dans lesquels, la France doit se concentrer. Il s’agit de la santé, des transports, de l’environnement et de la défense.

    Un plan d’investissement de 1,5 milliard d’euros

    S’appuyant justement sur le rapport Villani, le Président de la république a dévoilé jeudi dernier les contours de son plan d’investissement destiné à faire de la France un leader de l’IA. In fine, ce sont 1,5 milliard d’euros qui devrait être débloqué pour soutenir le développement de l’intelligence artificielle en France : « L’ensemble de ce plan représentera sur le quinquennat un effort spécifique et inédit de crédits publics », a précisé Emmanuel Macron. Une enveloppe de près de 400 millions d’euros est par exemple prévue pour lancer des « appels à projet» et soutenir des « défis d’innovation de rupture ».

    Parallèlement, le Président compte aussi sur la modification de certains règlements, pour faciliter par exemple le passage des chercheurs entre le public et le privé et inversement, et sur la  création « de 4 ou 5 instituts de recherche dédiés en France (…) d’attirer les meilleurs chercheurs mondiaux et de doubler les capacités de formation en IA ».

    Cette somme sera-t-elle suffisante ? Cela n’est pas certain. La proposition du député Villani consistant à doubler le salaire des chercheurs étant rejetée, l’écart des salaires proposés entre l’hexagone et nos amis américain restera  de 1 à 4.  Comme le rappelle TimeToSignOff : « un chercheur entrant au CNRS touche 36 000€ brut, un ingénieur IA chez Google démarre à 140 000 € ». Difficile dans ces conditions de rivaliser. Autre point qui permet de relativiser l’impact de notre « 1,5 milliards d’euros » : Amazon, Google, Intel, Microsoft et Apple ont à eux seuls, investi en 2016, 66 milliards de dollars en R&D…

    Lot de bonnes nouvelles industrielles

    Pour devenir la référence de l’IA, la France va donc devoir compter également sur les investissements du secteur privé. Là encore, la semaine dernière a été le temps fort de plusieurs annonces positives pour notre pays. Ainsi,  IBM compte recruter 400 experts en intelligence artificielle dans l’hexagone d’ici 2020. Comme l’a précisé le géant américain dans un communiqué, « une partie de ces ingénieurs, développeurs, chercheurs, data scientists (…) s’installeront au sein du pôle scientifique et technologique de Paris-Saclay ». Même démarche du côté du géant coréen Samsung. Ce dernier préparerait l’ouverture prochaine de son 3e plus grand centre de recherche mondial sur l’IA. Autre annonce, le Japonais Fujitsu devrait ouvrir son premier centre de dimension européenne et Google France financera à l’École polytechnique, une chaire internationale dédiée à l’IA.

    Si l’hexagone n’est pas encore une référence dans le domaine, certains chercheurs, de nationalité française le sont déjà. Chez Facebook, c’est par exemple le français Yann Le Cun qui est chef de l’IA. Autre chercheur tricolore devenu une véritable star à l’international, c’est à un français toujours, Luc Julia, que l’on doit la création de Siri d’Apple. Aujourd’hui passé chez Samsung, c’est lui qui dirigera le futur centre de recherche parisien du groupe coréen. Espérons qu’à son exemple, d’autres français, qui sait, peut-être en mal du pays, reviennent avec « leurs bagages »…