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    Cybersécurité

    Gendarmerie et Police, plus connectées que jamais

    « Je dois partir, quelque part un crime se commet ». Tirée d’un célèbre blockbuster américain des années 80, cette réplique semble prendre un nouvel écho aujourd’hui. S’ils ne sont pas devenus des hommes robots, nos gendarmes et policiers vont en tout cas bénéficier de nouveaux équipements numériques. En connectant ses forces opérationnelles, le ministère espère décupler leur efficacité sur le terrain.

    Moderniser les services de l’Etat pour améliorer leur efficacité, les domaines régaliens n’échappent pas à cette règle. En septembre 2014, les directions générales de la Police nationale et de la Gendarmerie, avec le soutien du Ministère de l’Intérieur, s’étaient lancées respectivement dans les projets NEO et NEOgend. Aujourd’hui, ces deux institutions concrétisent leur transformation numérique. Suite à un appel d’offre lancé en mai 2016, Orange Business Services et Sony ont été choisis pour équiper les forces opérationnelles de terminaux sécurisés et connectés aux applications métier en tout lieu. Au total, 18 300 tablettes et 67 000 smartphones seront déployés en France en l’espace de 4 mois. Ces nouveaux équipements offriront une connectivité performante, davantage de mobilité et l’exécution du service en temps réel.

    Répondant aux exigences du cahier des charges, les terminaux spécifiques seront très robustes et bénéficieront d’une autonomie supérieure ainsi que d’un excellent « rendu image ». Ils seront livrés avec un système d’exploitation « Google Android Open Source Project », sans surcouche constructeur ni opérateur et certifiés par l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI). Ainsi, le Ministère de l’Intérieur pourra installer sa propre couche de sécurité pour chiffrer les communications et sécuriser les applications mobiles présentes sur le terminal. Leur connectivité sera garantie grâce aux 84 000 cartes SIM Orange.

    «Le projet NEOgend est bien plus qu’un outil, il constitue l’un des pivots de cette transformation numérique dans laquelle la Gendarmerie s’est engagée avec Orange et Sony. En adoptant les nouvelles technologies, nous souhaitons faciliter le travail des forces opérationnelles de la Gendarmerie sur le terrain. Avec un accès ultra-sécurisé aux informations en temps réel, le gendarme perdra moins de temps, le citoyen aussi. Là où nous avons expérimenté NEOgend, nous avons multiplié par deux les contrôles. », a indiqué le lieutenant-colonel Fumery, de la mission numérique de la Gendarmerie nationale au sein du Cabinet du directeur général de la Gendarmerie nationale.

    Avec ces services, les policiers et les gendarmes trouveront en effet sur leur tablette ou leur smartphone, tous les outils dont ils ont besoin au quotidien. Plus d’une dizaine d’applications métier sont d’ores et déjà disponibles permettant par exemple de vérifier en temps réel une identité ou la validité d’un permis de conduire, de le scanner et de partager l’ensemble des documents dans un cloud privé sécurisé. Ils ont la possibilité également de prendre des notes, d’établir un procès-verbal et d’accéder aux bases administratives et judiciaires.

    Pour le commissaire Sylvain Brun, adjoint au conseiller technologies de sécurité intérieure du Cabinet du directeur général de la Police nationale, cette modernisation signifie aussi moins d’administratif à effectuer dans les bureaux. En effet, « lors d’un contrôle d’identité, les fichiers de police sont consultables à distance ce qui représente un gain de temps et évite la saturation des ondes radios. Grâce à ces contrôles plus rapides et plus surs, les policiers se redéployent plus rapidement sur le terrain ».

    D’autres applications sont en cours de développement. Grâce à la généralisation de l’application « opération tranquillité vacances », les patrouilles pourront par exemple visualiser directement  sur une carte les résidences à surveiller et un code couleur facilitera le suivi du dispositif. Autre exemple de nouveauté, les photos prises pourront être insérées dans les procédures. Enfin, pour faciliter la gestion opérationnelle des interventions, une application permettra de « géolocaliser » en temps réel les patrouilles situées dans un environnement proche.

    De leur côté, si les polices municipales ne profiteront pas de ces équipements, les choses bougent malgré tout. En effet, fin octobre, le ministre de l’intérieur a lancé une large démarche de concertation pour la future « police de sécurité du quotidien » (PSQ). Elle devrait déboucher sur une expérimentation dans une quinzaine de territoires dès le premier trimestre 2018. Comme le rapporte un article du site de la Caisse des Dépôts, Gérard Collomb souhaite là encore une police « mieux équipée », « plus connectée »,  et aussi « plus efficace ».